Début mars se tenait la 2e édition du BOT FEST Nantes : un festival pour découvrir la robotique de façon ludique organisé par ADN Ouest, en collaboration avec le département GEII de l’IUT de Nantes, la société A5sys et EDF. Rencontre avec Didier Herbreteau, notre adhérent aux manettes de cet événement.
Présentez-vous et votre parcours
Je suis coach agile dans un organisme de la sécurité sociale, bénévole pour ADN Ouest depuis 2015 et président d’une association de robotique à Rezé nommée AIR2 dont l’objectif est de faire connaître les métiers de l’informatique au travers d’activités ludiques pour des jeunes de 12 à 16 ans.
En 2014, un salarié d’ADN Ouest avait proposé à l’occasion d’une AG de contribuer à l’organisation d’ateliers DEVOXX4Kids. Quand j’ai découvert ces ateliers, j’ai trouvé ça très intéressant et j’ai animé mon premier atelier lors du “Robotic day” organisé à la Cité des congrès dans le cadre de la Nantes Digital Week.
J’ai trouvé cette expérience très riche et comme j’avais des enfants qui grandissaient et étaient très consommateurs du numérique, j’avais envie qu’ils en fassent quelque chose de constructif. C’est pour cette raison que j’ai monté l’association à Rezé, qui compte aujourd’hui une trentaine d’adhérents. Nous avons accompagné de nombreux jeunes, qui maintenant suivent des études d’informatique, et certains d’entre eux sont entrés au CA de notre association pour partager à leur tour leurs compétences.
La robotique est une passion qui me donne du sens. C’est une filière professionnelle où il y a du travail et où les enjeux de recrutement et d’orientation des jeunes sont grands. De nombreuses personnes peuvent y trouver leur voie malgré des appétences différentes, et pour des jeunes, le fait de pouvoir regarder ce qu’il y a derrière l’écran qu’ils ont face à eux tous les jours est un enjeu intéressant.
D’après vous quels sont les grands enjeux du secteur numérique ?
Il y en a plusieurs : le premier est celui de répondre aux besoins en ressources humaines qui sont plutôt rares. Pour les personnes qui ont les compétences, c’est une bonne nouvelle parce que les salaires augmentent, mais pour les entreprises c’est un problème parce qu’ils perdent des marchés à cause de ce manque de ressources. Pour la dynamique économique globale c’est questionnant.
La sensibilisation à la cybersécurité est également un grand enjeu aujourd’hui : on ne se pose plus la question de savoir si on va être cyber-attaqué mais plutôt de quand l’attaque arrivera. Il est urgent de sensibiliser un maximum de personnes à la sécurisation de leurs outils de travail.
Ensuite, l’enjeu environnemental est évidemment central : le monde de demain ne sera pas celui d’aujourd’hui, et il faut se questionner sur comment le numérique influe sur ce monde et ses ressources. Quels logiciels on continue de développer et lesquels on abandonne ? Comment la low tech et le numérique se marient pour produire des logiciels et des robots qui sont utiles et pas inutiles.
Pour finir, les enjeux éthiques sont grands : si on fabrique des robots qui font les gestes humains, on aurait plus de temps pour s'intéresser à l’humain, mais quelle sera l’influence sur le salaire et les conditions de vie des humains ? La robotique peut faire des travaux pénibles et très précis mais il y a des questions philosophiques de société à se poser. Où on mettra l'énergie, au sens propre et au figuré, comment on crée de la valeur, comment on valorise l’humain à travers l’activité ?
Par exemple, les robots sumo consomment très peu d’énergie, mais on peut se questionner sur leur véritable utilité. Le jeu permet l’apprentissage, mais on utilise des composants électroniques pour servir un intérêt qui n’est pas forcément essentiel pour l’homme. Cependant, apprendre à utiliser des petites cartes Arduino qui ne consomment pas beaucoup d’énergie permet à nos jeunes de se rendre compte qu’on n’a pas forcément besoin de super ordinateurs pour améliorer le quotidien de nombreux secteurs, comme dans la surveillance de l’agriculture ou l’énergie par exemple.
Comment vous contribuez au développement du numérique dans le Grand Ouest ?
Mon action est axée sur les années collège, c’est à ce moment que les options pour le lycée se décident et que l’on peut influer sur l’orientation de nos jeunes. Le développement d’activités ludiques sur ces années contribue à faire connaître les métiers et les activités de la filière numérique.
Le BOT Fest Nantes, les stages Girls R coding ou les ateliers DEVOXX4KIDS sont autant d’actions qui permettent d’agir en faveur de la diversité et de la mixité dans les métiers du numérique à un âge où il n’est pas toujours facile de lutter contre les préjugés. Participer à ces activités permet aux jeunes de se rendre compte que le numérique peut être amusant et qu’en plus il y a des débouchés avec de bons salaires à clé.