À une époque où l'incertitude est devenue la norme, où les bouleversements technologiques, les crises économiques et les changements sociaux remettent en question nos certitudes les plus ancrées, les managers doivent repenser leurs méthodes de gestion pour s'adapter aux bouleversements permanents. Comment, dans ce contexte, prendre des décisions éclairées et efficaces ?
Le 3 octobre 2024, la communauté ADN Management a proposé une journée immersive au parc zoologique de Branféré, alliant réflexion, échanges et pratique pour apprendre à dompter l’incertitude dans un monde imprévisible.
L’incertitude, une menace ou une opportunité ?
La journée a démarré par une mise en accusation de l’incertitude. Face à un tribunal mis en scène par nos adhérents, Philippe Plantive, Président de PROGINOV et Laurent Guillet, Directeur Marketing de Esprit Planète, ont été appelés à témoigner à la barre pour expliquer l’impact de l’incertitude sur leur entreprise et leur mode de fonctionnement.
Philippe Plantive a démarré cette réflexion en soulignant que l’incertitude est une réalité quotidienne chez Proginov. « C’est comme si les règles changeaient constamment dans un jeu de société », a-t-il expliqué, ajoutant que cette volatilité impose aux dirigeants d'adopter des stratégies flexibles, tout en stimulant la créativité et l’adaptation continue. Il a également souligné l’importance de l'écoute : « Prendre le temps de recueillir et de traiter les inquiétudes des collaborateurs est crucial dans un environnement incertain ». Chez Proginov, cela se traduit par des réunions régulières où les managers peuvent échanger librement sans la présence des dirigeants pour prendre des décisions en toute autonomie.
Laurent Guillet, de son côté, a évoqué des moments où son équipe a dû se réorganiser en urgence, notamment pendant la pandémie de COVID-19, et comment l’incertitude a renforcé la solidarité entre les collaborateurs d’Esprit Planète. Il a insisté sur l’importance de préparer les collaborateurs à cette nouvelle normalité, à savoir que leur rôle et leur environnement de travail peuvent changer à tout moment. Il a mis en avant l'importance du lien humain. En période de crise, « se serrer les coudes et fédérer les équipes autour d’un objectif commun est essentiel pour surmonter les obstacles imprévus.»
Expérimenter l’incertitude pour apprendre à s’adapter
Pour ancrer ces réflexions dans la pratique, les participants ont ensuite pris part à plusieurs ateliers interactifs, chacun explorant une facette différente de la gestion de l’incertitude :
- Le labyrinthe de l’incertitude : Cet atelier simulait une situation dans laquelle les participants devaient prendre des décisions malgré un environnement changeant et des informations limitées. L’objectif était de renforcer la capacité de l’équipe à collaborer et à avancer ensemble dans un cadre incertain.
- L'atelier de construction : Dans cet atelier, les participants ont découvert comment le cadre de travail et les règles influencent notre capacité à nous adapter. La construction avec des Lego leur a permis d'expérimenter la manière dont un cadre bien défini peut soit favoriser, soit inhiber l’innovation et la prise d’initiative.
- The Transat : Cet exercice a mis les participants dans la peau d’un équipage en pleine navigation sur une mer incertaine. En utilisant la méthode OOD (Observation, Options, Décision), ils ont dû faire avancer leur bateau en prenant des décisions collectives, renforçant ainsi leur capacité d'adaptation face aux imprévus.
L’incertitude, une nouvelle dynamique managériale
Pour clôturer la journée, Olivier Hamant, chercheur à l’INRAE, a captivé l’audience avec une conférence sur la manière dont le vivant gère l’incertitude depuis des millions d’années. Selon lui, « l'incertitude n'est pas un problème, mais une condition essentielle pour l’évolution ». Il a invité les participants à remettre en question la quête perpétuelle de performance, souvent contre-productive, et à réfléchir à la manière dont la robustesse du vivant – sa capacité à s’adapter aux fluctuations – doit inspirer de nouveaux modèles de gestion.
En acceptant que nous ne pouvons pas tout contrôler, nous ouvrons la voie à une gestion plus collaborative et résiliente. Olivier Hamant a encouragé les dirigeants à « sortir du dogme de la performance absolue » et à se concentrer sur la robustesse de leurs équipes, en leur donnant plus d’autonomie et de confiance.
Vers un nouveau paradigme
Cette journée au cœur du vivant a permis de comprendre que l'incertitude n'est pas qu'un obstacle à surmonter, mais une condition à apprivoiser. Pour y parvenir, il est nécessaire de repenser nos modèles managériaux : moins de rigidité et plus de flexibilité, moins de contrôle et plus de confiance en la diversité des talents au sein des équipes. Ce changement de paradigme, qui prend racine dans l’observation du vivant, pourrait bien être la clé pour naviguer sereinement dans l'incertitude du monde d’aujourd'hui.
En conclusion, cette journée d'échanges et de pratique nous rappelle que l’incertitude est une force motrice, et que la clé de l’avenir réside dans notre capacité à accepter cette incertitude et à construire des organisations robustes, prêtes à s’adapter à tout moment.
Pour aller plus loin :