En juin 2024, nous nous retrouvions à l'ADN Festival pour "Bâtir le numérique de demain" : nous avons collectivement pris conscience de l'importance de prendre nos responsabilités pour construire un numérique plus équitable, responsable et durable. Alors, comment les DSI de notre association préparent ce numérique de demain ? Comment leur métier évolue et comment ils se positionnent face aux nouvelles technologies qui se développent de plus en plus vite ?
Nous sommes allés à leur rencontre pour répondre à ces questions, et nous poursuivons notre série d'interviews avec Olivier Clos, Directeur des Systèmes d'Information de Baker Tilly France.
Présentez-vous et votre structure
Je suis DSI de Baker Tilly France, un regroupement international de cabinets de conseil indépendants présents dans 141 pays. L’activité s’étend de l’expertise comptable et sociale au consulting, en passant par des services juridiques portés par un cabinet d’avocats dédié : Oratio. Depuis quelques années, le digital occupe une place grandissante avec la création d’une structure spécialisée, qui s'appelle Baker Tilly Digital qui accompagne les clients dans leur transformation numérique, notamment autour de la data, de l’intelligence artificielle et de la cybersécurité.
Je suis arrivé il y a un peu plus de 2 ans, et je dirige une équipe de 40 personnes à la DSI. J’ai aussi une autre casquette, à la Direction des projets groupes, avec 5 chefs de projets qui travaillent à accompagner les métiers dans leur transformation. On adresse au travers de ces 2 structures l'ensemble des besoins d'accompagnement de nos collaborateurs
Pour vous, c'est quoi le numérique de demain ?
Pour moi, le numérique de demain c’est avant tout une véritable accélération technologique qui repose sur 3 piliers :
- L’intelligence artificielle : elle rebat complètement les cartes et fait évoluer la courbe de façon exponentielle. Ce qui avant nécessitait trois mois de travail peut désormais être réalisé en une semaine.
- La qualité des données : structurer et qualifier les données est crucial pour tirer parti de l’IA.
- La cybersécurité : dans un contexte où les menaces augmentent, la sécurité devient incontournable.
L’accélération technologique impose une collaboration étroite entre les métiers et la DSI : le besoin de proximité est encore plus fort pour que la DSI et les métiers se comprennent.
Je milite pour mettre en place un véritable partenariat entre les métiers et la DSI, à l’image d’une écurie de Formule 1 : Le pilote exprime ses attentes sur le comportement de la voiture, et les mécaniciens, experts techniques, traduisent ces attentes en solutions concrètes. Cela nécessite une écoute mutuelle et surtout beaucoup de respect dans les relations humaines.
Comment vous vous y préparez et y préparez vos équipes ?
La veille est un élément clé dans cette préparation continue. Il a toujours été important de faire de la veille, mais dans un contexte où ça va tellement vite, je pense qu’il est primordial de surveiller les tendances en allant sur des événements, d’échanger avec ses pairs au sein de différents réseaux, et s’inspirer des pratiques innovantes.
D’ailleurs, la proximité avec les startups est essentielle : elles ont une longueur d’avance sur nous grâce à leur agilité. En les associant à la puissance d’un grand groupe, nous pouvons faire grandir des idées innovantes.
Mais il faut aussi que techniquement les équipes soient vraiment affûtées, c’est pourquoi la formation continue est très importante. Les équipes sont formées via des plans structurés, du temps partagé avec des pairs en interne, et des expérimentations concrètes.
Et dernier point, je m’applique à renforcer la collaboration entre mes équipes et les métiers. Le fait d'avoir des personnes qui se connaissent, s'apprécient, se côtoient et qui connaissent mutuellement leurs sujets fait qu’ils seront mieux en capacité de comprendre leurs besoins, et la DSI pourra alors proposer des solutions adaptées, évitant ainsi le shadow IT.
La gouvernance de l’entreprise fait en sorte qu’il y ait cette proximité, que le lien entre équipes se fasse dans une bonne atmosphère. Cet état d’esprit global de l’entreprise, porté par le CODIR, fait que la bonne ambiance nécessaire à une collaboration réussie soit diffusée et ruisselle sur toutes les équipes.
Avec un numérique omniprésent, comment la position de la DSI a évolué dans votre structure ?
Sous l’impulsion de la direction générale, la DSI de Baker Tilly a profondément évolué. Plusieurs initiatives marquantes ont été mises en place :
- Création d’une cellule data pour piloter le Big Data, le machine learning et la structuration des données.
- Introduction de Product Owners (PO) et Business Process Owners (BPO), travaillant en binômes pour renforcer le lien entre la DSI et les métiers.
- Mise en place de squads multidisciplinaires pour traiter les sujets complexes de manière transversale.
Rattachée directement à la direction générale et représentée au COMEX, la DSI est au cœur de la stratégie d’entreprise et dispose aujourd’hui des moyens nécessaires pour impulser les transformations numériques de l’entreprise.